Je te dirai les eaux profonders des étangs
Et les cygnes neigeux pareils à des navires,
Entre les saules d'or, balayés de printemps,
Quand les fleurs, aux vergers, ont des éclats de rires.
Je te dirai l'écrin de l'aube sous l'auvent,
Les pâturages lourds sous les troupeaux placides.
Je te verrai saisir dans les griffes du vent,
La mûre aux grains bleuis ou la prunelle acide.
Au près du feu qui danse en attendant la nuit,
A l'heure où le couchant fait la margelle rose,
je te dirai le chêne où la branche bruit
Avec, sur son épaule, un nid qui se repose.
Lorsque tu seras grand, je te dirai l'espoir!
Je t'apprendrai l'amour!Que tu saches la somme
De recommencements, de force, de vouloir,
Qu'il te faut, mon petit, pour devenir un homme!